J'ai posté ici, je n'étais pas sûr, je pense qu'on peut aussi mettre nos textes dans "galeries" ; au pire, un administrateur déplacera si besoin *Sbaaaaf*
Bref, je mets ce texte car c'est celui que je préfère dans ceux que j'ai écrits. Ça a l'air long, mais ça se lit vite. Je l'ai écrit pour quelqu'un qui c'est d'ailleurs reconnu, et je crois [?] que ça lui a plu ; with music ♫

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___« Ça va ? »
___Je ne comptais plus combien de fois on me posait la question. Oui, oui. De temps en temps, j’ajoutais très bien. Et ils me croyaient.
___Ils étaient vraiment trop naïfs.
___Mais si, j’allais très bien. Du moins, j’allais mieux. Tout était plus beau quand on se droguait.
___Je l’avais choisie avec soin. J’avais eu du mal à m’en procurer. Sans éveiller de soupçons. Puis de toute façon, ce n’était que des imbéciles. Un faux sourire et ils étaient persuadés que tout allait pour le mieux.
___C’était tout ce que j’avais trouvé. C’était efficace. J’adorais ça.
___Je ne fumais pas. Non. C’était mauvais pour la santé.
___Je me droguais.
___Je n’avais jamais éprouvé une telle sensation. Merveilleux. On se piquait dans le creux du bras. L’aiguille pénétrait la chair. Et une dose. Tout était magnifique.
___Aux yeux des autres, j’étais toujours le même. C’était vrai. J’avais juste quelque chose en plus. Ou en moins, je n’en savais rien. Alors non. Ils n’avaient pas raison.
___C’était des idiots.

___J’étais fou, peut-être. Je le devenais. C’était ce que quelqu’un m’avait dit. Il n’avait pas tord. Je pensais. Ça n’était pas tout à fait sûr. On n’était jamais sûr quand l’on devenait fou. Le pire, c’était de devenir fou sans se rendre compte que l’on devenait fou parce que l’on devenait fou. Mais moi, je ne faisais pas partie de cette catégorie. Car j’en avais parfaitement conscience.
___Bien fait pour eux. Pour moi, aussi. Ça n’était pas totalement de ma faute. Juste un peu. Si tout cela était arrivé, c’était certainement parce que j’étais faible. Très faible. Trop faible. Pas grave. A présent, c’était réglé. Affaire classée. Du moins, c’est ce que j’avais osé espéré.

___Mais non. Il y avait encore…
___Je ne le dirai pas. Cela ne me regardait pas. Si. Non. Tais-toi.
___Pitoyable, j’étais pitoyable. Misérable, aussi. C’était fini, je le savais. Alors… J’allais chercher une dose. Juste une. Je reviendrais après.
___Je n’étais pas revenu.
___J’en avais pris trois.

___J’étais aux prises avec moi. Mon esprit.
___Pourquoi le passé ne se taisait-il jamais ? Pourquoi était-il toujours en train de l’ouvrir ? Je ne lui avais rien demandé. Qu’il retourne au fond de mon subconscient. Et qu’il n’en ressorte pas.
___Pour un an… Non, ç’aurait été la même chose. J’étais aussi stupide qu’eux.
___Mais je pensais que c’était bon.
___Plutôt que de rester enfermé chez moi, et de ne pas sortir. D’attendre comme la fin du monde, et de ne pas savoir combien de temps ça prendra. De ne pas oublier. De parfois m’ennuyer la nuit. Et de ne plus me plaire. De ne plus plaire à personne…

___J’en avais marre d’aller au lycée. J’avais autre chose à faire. Je n’aimais pas être en compagnie de tous ces gens. Personnes inconnues. Et que je n’avais pas envie de connaître. Je ne les connaîtrai jamais.
___Tout ce savoir inutile. Comme mon entourage. Ça n’allait pas me servir. J’avais l’impression que plus rien n’allait plus jamais me servir.
___Surtout mes souvenirs. Si seulement je n’en avais pas, plus… Tout serait beaucoup mieux. Mais ils ne voulaient pas s’effacer. Je croyais que quelqu’un m’en voulait. Quelqu’un d’invisible, d’intouchable. Comme c’était triste.

___Je devenais ironique avec moi-même. Méchant, parfois. Mais jamais autant qu’avec les autres, j’en étais sûr.

___La malveillance et la haine grandissaient en moi. Il fallait bien un peu de compagnie à ma dépendance. Je m’éloignais des quelques personnes qui m’étaient encore un temps soit peu chères.
___La solitude, il n’y avait que ça de vrai.

___Mais toujours aussi collants, toujours aussi pressants sur mon être, les filaments de mémoire. Trop de couleurs, de senteurs. Je n’arrivais pas à m’en débarrasser.
___Je ne pouvais pas oublier, c’était impossible. Mais je ne voulais plus penser son prénom. Alors je décidai de l’appeler x. Comme en Mathématiques. x, l’inconnu. Que je n’ai jamais voulu savoir sa valeur, d’ailleurs. x. Oui, x. Et alors ? x était x, et rien d’autre. Quel besoin de lui attribuer un nombre ?
___Je détestais les Mathématiques.

___Tous les jours le même parcours ennuyant, la même routine. Lycée où je me demandais s’ils n’avaient pas trouvé leurs profs dans un paquet de céréales gagnant.
___Mais ne pas s’apitoyer sur son sort, ça ne servirait à rien. Il fallait vivre avec notre temps, quand bien même celui-ci fut pourri. La musique de fond était la sirène des pompiers, venant chercher les élèves tombés dans un coma éthylique. Au début, ça pouvait choquer. Mais au bout d’un moment, on s’y habituait. C’était peut-être ça le pire.
___Les engueulades avec mes parents. Ça avait duré un moment, puis maintenant, plus rien. Tant mieux, d’un côté. Ils ne comprenaient rien. Personne ne comprenait rien, de toute façon. Pas même moi. Je devenais bizarre. Remarque, je l’étais depuis longtemps.
___Devenir… Qu’est-ce que cela pouvait-il bien vouloir dire ? On avait tous un devenir. Ainsi qu’une fin. La fin… Je ne saisissais pas non plus le sens de ce mot.

___Aujourd’hui, j’avais embrassé un type de ma classe. Je ne savais toujours pas si c’était une bêtise ou non. Mais je ne regrettais rien, c’était marrant. Voir l’expression surprise sur son pauvre visage. On disait que c’était les femmelettes qui donnaient des gifles, mais les garçons aussi. La trace rouge sur ma joue en était la preuve.
___Je n’étais même pas persuadé que j’aimais les hommes. Je n’aimais plus rien du tout, en fait. C’était juste que les filles, ça m’énervait. Toujours en train de piailler, de bavarder, de chipoter sur tout et n’importe quoi, de pleurnicher. S’arracher des mains les magazines de modes, où les mannequins étaient vraiment trop horribles sur les photos. A se disputer la place de la plus belle, surtout qu’elles étaient toutes plus moches les unes que les autres.
___Les mecs, c’était plus classe. Il fallait quand même l’avouer. Bien sûr, je ne parlais pas des gros machos rappeurs de pacotille. Ça, c’était pire que tout. Non, mais les grands, de terminale. Il y en avait des beaux.
___Finalement, j’avais dû flasher sur un élève de première. Il était très grand. Il avait les cheveux longs et noirs, un visage fin, la peau claire. Et il dégageait une aura bizarre, celle d’une personne un peu isolée, solitaire, qui ne parlait à personne, et personne ne lui parlait non plus. Tout bien réfléchi, on aurait pu s’entendre, tous les deux.
___Et avec du recul, il aurait peut-être pu me sauver.

___J’en avais marre de bosser sur mon DM de Maths. Temps perdu. En plus, je détestais cette matière. Je me levai de ma chaise en bois miteux, et allai à la fenêtre. Les oiseaux volaient et sifflaient. Le ciel était moche.
___C’était déprimant.
___Je quittai la vitre pour m’affaler sur le canapé. Là, je fermai les yeux et écoutai le silence. Puis je finis par m’endormir. C’était fatiguant, la drogue.

___Je réussissais à penser de moins en moins à x. Tant mieux. Ça libérait mon esprit. Je me sentais plus léger. La conclusion, c’était qu’il fallait que je l’oublie, ce x. Ce que je fis, dans les semaines suivantes.

___Le lycée. Les profs nazes. Les camardes débiles. Le sport que la drogue m’empêchait de pratiquer correctement. Les regards de mes parents, le soir. Les bouquins dont je ne comprenais plus le sens. Mon cerveau qui se fermait à l’extérieur. Le poster à côté de mon lit, je ne savais plus d’où il venait. Ma mémoire qui flanchait. Et ce monde pourri.
___Voilà mon existence. Palpitante, ajoutons-le.

___Aujourd’hui, j’avais peiné sur des équations. Quelle débilité profonde. De moi ou des exercices ? Bonne question.
___Demain, je devais me lever tôt. La flemme. Je ne savais plus ce que j’avais. Une compétition, peut-être. A quoi bon, j’étais devenu nul. Ce qui était inutile, à la poubelle. C’était la règle. Mais bon. L’entraîneur me faisait sûrement confiance. Quel idiot. Je ne me souvenais plus de son nom.
___J’éteignis la lumière, et enfin, baissa les paupières. Paupières lourdes, si lourdes…

___J’étais allongé sur mon lit. Je ne pouvais plus bouger. C’était à peine si je pouvais remuer un doigt. Pas même le petit. Je ne comprenais pas. J’étais comme aspiré par le fond. Quel fond ? Sous moi, il n’y avait qu’un matelas.
___Il devait être très tôt. Peut-être cinq heures du matin.
___Cinq heures du matin. Immobilisé.
___La fin. Ce mot avait toujours un quelque chose d’incompréhensible pour moi. La fin. Que cela signifiait-il ? La mort ? Qu’est-ce que la mort ? Allais-je le savoir ? Un jour. Quand ce jour viendrait… Je ne savais même pas si je serais prêt.
___Je n’arrivais plus à penser. Ça ne donnait mal à la tête. Très mal. Je peinais à respirer. Je n’avais pas peur.
___Je fermai les yeux.

___Et il ne les rouvrit plus jamais.

___Ce fut x qui le découvrit, mort sur son lit. x venait lui rendre visite. Après tout ce temps. Ça allait certainement lui faire plaisir. x l’espérait.
___x ne le sut jamais.
___x n’aimait pas non plus les Mathématiques.

Hanabusa